Je suis impliqué(e) dans l’accident

L’accident s’est produit, brutalement et soudainement, sans même peut-être que vous en compreniez les circonstances. Vous en avez été la victime, le témoin ou l’auteur. Depuis cet événement, c’est toute votre vie qui s’en trouve bouleversée, désormais rythmée par les procédures judiciaires, les soins médicaux et/ou les questions, à l’heure actuelle, sans réponse. Cette partie du FAQ a été créée par les psychologues de l’AWSR, formées en psychotraumatologie et victimologie, qui se sont elles-mêmes appuyées sur les témoignages et les échanges avec des personnes impliquées directement ou indirectement dans un accident de la route. Vous y trouverez des questions fréquentes et des phrases issues de partages de vécus qui vous feront peut-être écho et vous permettront de trouver des premiers éléments de réponse à votre situation et vos ressentis quotidiens. Si vous êtes également confronté(e) à la perte d’un proche qui était avec vous dans l’accident, vous pouvez parcourir la partie deuil.

Nous espérons que vous trouverez une première source de soutien, de pistes, voire même peut-être de réconfort. Notre équipe de psychologues reste à votre disposition sur la ligne Infovictimes au 081/821.321 ou via notre formulaire de contact afin de vous écouter, d’échanger sur votre vécu ou encore de vous réorienter vers toute aide spécialisée.

Tout le monde ne réagit pas de la même façon face à un événement tel que l’accident de la route. Bien qu’il puisse être choquant et une épreuve, vous ne développerez pas systématiquement des répercussions psychologiques sur le moyen ou long-terme. Tout dépend de la manière dont vous avez vécu et ressenti les choses sur le moment et dans l’après mais aussi des blessures physiques que vous avez, de leurs répercussions et de votre histoire antérieure. Ainsi, certaines personnes témoignent ressentir, dans les jours suivant l’accident, de l’anxiété ou une insécurité qui se sont dissipées par la suite. D’autres, en revanche, vivent l’anxiété ou l’insécurité pendant une plus longue période sans toutefois que ce soit irréversible.

Les sentiments que vous pouvez ressentir sont très nombreux, en voici quelques-uns tirés de témoignages : anxiété, agitation, tristesse, apathie, colère, lassitude, injustice, hyper-vigilance, impression d’être dépassé(e), de ne plus savoir réfléchir, d’être obnubilé(e) par les images de l’accident, d’être perdu(e), de remettre le sens de la vie en question, etc. La convalescence qui suit, les blessures devenues une limitation fonctionnelle ou celles qui ont changé votre apparence, sont également sources de mal-être dans votre corps, de sentiment d’inutilité, frustration, angoisse, tristesse, etc. Ce sont tout autant de sentiments qui semblent appropriés après un tel événement. L’accident est tellement « in-croyable » qu’il vous faut du temps pour le réaliser et lui trouver une place dans votre vécu, et cela passe notamment par une période où les émotions sont complètement mises sens dessus dessous.

Les répercussions psychologiques à long terme ne sont pas un passage obligé : certaines choses que vous ressentez disparaitront d’elles-mêmes mais il se peut, toutefois, que certains des sentiments que nous venons d’évoquer creusent leur nid et prennent de l’ampleur au point de vous invalider au quotidien. Si tel est le cas, soyez indulgent(e) avec vous-même, tout ne relève pas que de vous et de vos actions. Les circonstances de l’accident, les répercussions médicales et financières engendrées par celui-ci, la réaction de l’entourage, un contexte de vie déjà difficile avant l’événement, sont des éléments qui peuvent s’ajouter à votre lutte quotidienne.

Il est donc normal d’être sous le choc et de se sentir stressé(e), hyper-vigilant(e), d’avoir l’impression de ne plus être soi-même, dans les jours suivant l’accident. Peut-être que la question de la durée vous traverse l’esprit : « Combien de temps vais-je ressentir tout ceci ? ». Ces éléments peuvent s’estomper d’eux-mêmes, rester stables, tout comme ils peuvent prendre de l’ampleur et s’installer. Les études ont pour habitude d’avancer que si les symptômes ne disparaissent pas après une période de plus ou moins 1 mois suivant l’accident, il est préférable de consulter un thérapeute car il serait peu probable qu’ils s’évanouissent encore d’eux-mêmes et pourraient évoquer des signes de stress post-traumatique. Toutefois, prenez du recul quant à ce délai. Nous préférons nous focaliser, non pas sur le temps écoulé depuis l’accident, mais sur la façon dont votre vécu peut impacter votre quotidien et vous handicaper.

Dans tous les cas, demander de l’aide n’est jamais un signe de faiblesse mais une reconnaissance de vos difficultés et un premier pas vers le rétablissement. Être entouré de proches qui peuvent vous écouter ou vous soutenir dans les démarches est un moyen de prendre soin de vous. Vous pouvez également vous entourer de professionnels, tels que des psychologues afin de trouver un espace neutre et bienveillant où déposer ce vécu si lourd au quotidien, d’autant plus si celui-ci prend désormais toute la place.

Le choc qu’a pu constituer l’accident est en soi, déjà un combat au quotidien qui vous prend surement énormément d’énergie. Toutefois, vous avez été ou serez très vite propulsé(e) dans des démarches administratives, judiciaires et médicales auxquelles vous ne pouvez/pourrez déroger mais qui peuvent vous paraitre intrusives et floues. Ces démarches, malheureusement nécessaires, sont aussi sources de mal-être car elles vous confrontent de nouveau à l’accident et à votre détresse.

En quête de soutien face à ce que vous traversez, vous avez peut-être livré votre ressenti à votre entourage mais vous en êtes ressorti(e) avec le sentiment d’être seul(e) et incompris(e). Vos proches se veulent très certainement réconfortants, rassurants et bienveillants mais ils peuvent aussi être maladroits. Sans le vouloir, par des « ça va aller », « aller, pense à autre chose », « ça aurait pu être pire ! », « au moins tu es vivant(e), tu es un(e) miraculé(e) » et bien d’autres, ils vous donnent l’impression de minimiser ce que vous ressentez et que votre vécu est démesuré par rapport à la situation. Beaucoup de personnes pensent qu’il est préférable d’évoquer un « ça va aller » que de ne rien dire, car ils ont l’impression que leur présence ne suffit pas.

Cette impression que vos proches ne répondent pas tout à fait à vos attentes, peut également concerner les professionnels que vous rencontrez dans ce parcours. En effet, ceux-ci sont nombreux et malgré leur bonne volonté, certains n’ont que quelques minutes à vous accorder, minutes consacrées aux procédures qu’ils ont pour tâche de réaliser rapidement et en quantité. Certaines victimes nous témoignent ainsi se sentir « tel un numéro » et « complètement perdues », « victime une seconde fois » …

Une des pistes est d’oser exprimer vos besoins à votre entourage. Dire ce dont vous avez envie pour vivre un peu plus sereinement la situation : « J’ai besoin que tu m’écoutes sans essayer de me rassurer », « J’ai besoin que tu m’aides à remplir certains papiers ». Une autre piste consiste à trouver un endroit « extérieur » où vous pouvez déverser vos états d’âme et être accompagné(e) dans ce parcours, ce que proposent les psychologues.

Il est tout à fait humain et normal de vouloir éviter l’objet ou le lieu de l’accident, ou encore tout ce qui peut rappeler l’événement. Qu’importe votre place dans l’accident, désormais vous avez peut-être le sentiment de ne plus être en sécurité à bord d’une voiture, à vélo ou même à pied, comme si vous aviez l’intuition qu’un accident allait se reproduire. Vous n’avez peut-être plus l’impression d’avoir le contrôle sur les événements, vous vous sentez sans cesse vulnérable comme si vous preniez conscience de tous les risques potentiels d’être usager de la route.

Cette peur peut s’estomper avec le temps ou avec le fait d’être accompagné(e) par une personne de confiance qui vous rassure lorsque vous circulez sur la voie publique. Mais cette peur peut aussi devenir un véritable sentiment de panique, et se constituer en phobie de la voiture. Vous tremblez lorsque vous voyez la voiture ou pensez à un trajet au volant de celle-ci, vous avez l’impression que vous manquez d’air, vous n’êtes plus capable de penser rationnellement, etc. C’est ce que l’on appelle l’amaxophobie. Cette phobie peut se manifester que vous soyez conducteur/conductrice ou passager/passagère, et il devient impossible d’envisager ce moyen de transport, ce qui se révèle handicapant pour le quotidien. Comme toute phobie, il est possible de la vaincre grâce à plusieurs techniques et pistes.

L’accident de la route est un événement défini comme « potentiellement traumatique » de par sa brutalité, son imprévisibilité et le sentiment d’effroi qu’il peut susciter. En effet, vous avez pu être confronté(e) à la peur, au sentiment de mourir ou vous avez pu craindre pour la vie d’autrui.

Suite à un événement potentiellement traumatique, il est normal d’être en état de choc mais pour certaines personnes, le sentiment de danger s’éternise et paralyse leur quotidien. Elles peuvent dès lors développer ce que l’on nomme un stress post-traumatique ou SPT, à savoir un ensemble de symptômes qui rappellent la personne sans cesse à l’accident et qui l’invalident au quotidien.

Le stress post-traumatique affecte chaque personne différemment et se manifeste de diverses façons. Mais, nous pouvons remarquer que les personnes présentent des symptômes tirés des catégories suivantes :

  1. Revivre l’accident, continuellement : cauchemars, images qui reviennent spontanément. Ce sont les symptômes de reviviscences dit aussi flashback ;
  2. Chercher à éviter, de façon consciente ou non, tout ce qui rappelle l’accident : éviter de prendre la voiture, la route ou encore le trajet au cours duquel l’accident s’est produit, etc. Ce sont les symptômes d’évitement ;
  3. Ne plus ressentir de réels intérêts et plaisirs dans les activités quotidiennes, ne plus arriver à concevoir l’avenir et/ou se sentir détaché(e) de son entourage. Présenter des problèmes de concentration, d’attention et/ou de mémoire. Réactions de sursaut, d’être tout le temps sur ses gardes ou encore de se sentir irritable. Ce sont des symptômes liés à des altérations de l’humeur, de la cognition et de la réactivité.

Si les professionnels ou votre entourage l’évoquent, c’est dans l’intention bienveillante de vous informer et vous aider à identifier les symptômes « au cas où », bien que cela puisse paraître angoissant et alarmant. L’accident de la route n’est pas synonyme de SPT et ressentir les symptômes d’un SPT n’est pas un signe de faiblesse car de nombreux éléments périphériques interviennent dans le développement ou non du SPT. Celui-ci se traite et divers professionnels peuvent vous aider.

Par ailleurs, sachez que les réactions de l’enfant sont différentes de celles de l’adulte, ou du moins que les symptômes que nous venons d’évoquer se manifestent de façon différente.

Après un événement comme l’accident de la route, ce sont potentiellement toutes les sphères de la vie qui sont touchées. Nombreuses sont les personnes à nous en faire le témoignage « Plus rien n’est pareil ». Cela signifie, et vous le vivez peut-être, que les répercussions économiques, médicales et psychologiques de l’accident impactent votre vie familiale, relationnelle ou professionnelle.

En effet, entre le fait de ne plus se sentir capable de monter en voiture (par exemple), de ne plus pouvoir se concentrer, ou de ne plus ressentir d’intérêt ou de plaisir dans le quotidien, il semble difficile de s’investir dans les relations ou dans le travail. Les répercussions psychologiques vous amènent peut-être à vous sentir seul(e) et incompris(e) car votre entourage, bien que bienveillant, ne comprend pas toujours votre vécu et vos réactions depuis l’accident (hyper-vigilance, peur de la voiture, anxiété, etc).

De plus, les altérations cognitives telles que les difficultés de concentration et de mémoire ou les symptômes d’évitement rendent encore plus compliquées et éprouvantes les différentes démarches liées à l’accident, qu’elles soient médicales et/ou judiciaires.

Certaines victimes, par exemple, témoignent par ailleurs du sentiment de ne plus vivre, mais de survivre. Et ce sentiment peut mener, sur le long terme, à la dépression et aux idées noires puisque l’avenir semble bouché. Survivre est une lutte, ne restez pas seul, plusieurs pistes peuvent vous aider et vous soutenir.

Lorsque l’accident a causé des blessures, voire entraîné le décès d’une ou plusieurs personnes, il génère des émotions très fortes entre les deux parties indépendamment de leur responsabilité objective.

Sans repère, l’auteur peut craindre d’être perçu comme intrusif voire provoquant s’il entreprend une démarche envers la victime (prendre des nouvelles, exprimer sa culpabilité, souhaiter les condoléances, etc.), insensible et indifférent s’il s’en abstient. La victime quant à elle peut éprouver le besoin d’exprimer sa colère, son chagrin ou son incompréhension auprès de celui qu’elle considère comme responsable et/ou d’obtenir des informations plus personnalisées sur les circonstances de l’accident ou encore d’entendre ses remords.

Qu’importe votre place dans l’accident, si vous souhaitez prendre contact avec la partie adverse, il est préférable d’éviter les réseaux sociaux ou tout autre canal de communication (lettre, rencontre, etc.) par vos propres moyens. D’un côté comme de l’autre, les émotions peuvent l’emporter, mener à des malentendus et être source de tension. La médiation réparatrice permet la mise en communication sûre et respectueuse entre les deux parties par l’intermédiaire d’un professionnel neutre. Toutefois, il faut que chacun donne son accord pour que cette mise en lien puisse se faire. Que vous soyez victime ou auteur, ressentir le besoin de communiquer son vécu ou de poser des questions à la partie adverse est normal mais il nécessite de prendre un temps pour y réfléchir.

La médiation réparatrice n’est pas à confondre avec la médiation pénale : elle peut avoir lieu à n’importe quel stade de la procédure et le fait d’y participer n’empêche pas le parquet de poursuivre la partie présumée responsable.

Mediante est le service de médiation en Wallonie qui peut vous aider dans ce projet. Vous pouvez les joindre au 081 22 66 60 ou par mail à info@mediante.be

Un premier contact ne vous engage à rien et vous permettra peut-être d’y voir plus clair.

Être témoin d’un accident, c’est aussi être témoin d’images heurtantes et qui vous ramènent à votre propre vulnérabilité ou à celle de vos proches. L’accident, même si vous n’y êtes pas directement impliqué(e), peut dès lors remettre en question votre conception de la vie.

Les études montrent par ailleurs que les témoins d’un tel événement peuvent sincèrement avoir des répercussions psychologiques car ils ont pu voir la vie d’autrui menacée. D’autant plus, si vous avez été témoin d’un accident et que vous êtes intervenu(e) pour porter les premiers secours aux victimes ou peut-être que vous ne vous êtes pas senti(e) capable et que vous êtes resté(e) tétanisé(e). Que faire ? Que dire ? Comment même penser dans ces moments d’urgence où la vie d’autrui était en danger ? « Pourquoi ai-je agi de la sorte ? » Vous avez fait ce que vous avez pu mais peut-être qu’à l’heure actuelle une pensée vous obsède : « J’aurais pu/dû faire ceci ». Ce qui n’est pas sans peut-être faire émerger quelques ressentiments envers la situation et vous-même. Il est humain de revenir sur certains comportements que nous avons eus dans une situation stressante mais il est aussi toujours plus facile de réfléchir à tête posée lorsque nous ne sommes pas acculés par l’urgence. Face à un danger, une situation catastrophe, notre organisme déclenche des réactions « types » afin de faire face au mieux mais aussi de se protéger. Lorsque le schéma est déclenché, il est alors très dur d’adopter d’autres comportements voire même de réfléchir rationnellement. La phrase « vous avez fait ce que vous avez pu à ce moment-là » prend alors tout son sens…

Nous vous invitons à vous référer aux questions « Depuis l’accident, je n’arrive pas à mettre des mots sur ce que je ressens. Comment expliquer mon mal-être » et/ou « J’ai entendu parler du stress post-traumatique après l’accident de la route, qu’est-ce que cela signifie ?».

Contrairement à l’opinion commune à laquelle vous pouvez être confronté(e) : oui, vous pouvez souffrir d’avoir participé à l’accident et vous avez le droit de ressentir cette détresse. Mais ce n’est pas pour autant qu’il est aisé de l’exprimer face aux autres. En effet, ce statut de responsable, en plus d’être difficile à porter, peut vous faire dire que vous n’avez pas la légitimité de ce vécu face à celui des victimes.

L’accident de la route a de particulier qu’il n’est pas purement intentionnel. L’acte de départ de doubler, de prendre le volant en ayant bu ou en étant fatigué(e), de dépasser la vitesse maximale autorisée, de lire un sms était intentionnel, mais la conséquence qu’est l’accident et ses répercussions dans la vie de l’autre et dans la vôtre ne l’étaient pas. Difficile pourtant pour les victimes et la société de le concevoir comme tel étant donné que vous deviez connaitre les risques encourus si vous avez choisi de conduire en excès de vitesse, en étant alcoolisé, avec votre téléphone en main, etc.

Parfois, ce n’est pas l’alcool, la fatigue, l’utilisation du téléphone ou encore la vitesse qui mène à l’accident, mais des éléments indépendants de votre contrôle (problème de voiture, conditions météorologiques, une route dégradée, etc.) ou encore une chaine d’actions où certaines appartiennent à l’autre partie (un piéton qui traverse soudainement, un cycliste roulant dans le noir sans gilet, etc.). Mais comment dire « Ce n’est pas ma faute » ou « J’ai l’impression que l’autre partie est responsable également » lorsque l’on vous définit comme auteur de l’accident ? La justice est parfois beaucoup plus tranchée que la réalité des faits… Les médias et l’opinion commune peuvent également être moins nuancés. Si vous étiez chauffeur de poids lourds et que vous avez été impliqué dans accident grave, vous connaissez peut-être ce sentiment et vous vous reconnaitrez dans la brochure écrite par le FSTL (Fonds social Transport et Logistique).

Désormais, votre réalité, votre quotidien est tout autre. Nous oublions souvent que l’auteur peut également être blessé et vivre avec des répercussions médicales importantes mais aussi que l’accident peut avoir provoqué un traumatisme en lui. Emotionnellement, ça peut rester très compliqué à gérer. Vous vivez peut-être avec la culpabilité, la crainte d’être responsable d’un nouvel accident, le désir de demander pardon aux victimes, la honte, etc. Mais ces mêmes sentiments vous « empêchent » peut-être d’en parler ou de demander de l’aide…

Sachez que notre service accompagne la personne touchée par l’accident, qu’importe sa place dans celui-ci.

Il est effectivement possible de soudainement se rappeler de l’accident après des années, d’avoir des images de celui-ci, de se sentir angoissé(e), et de devenir hypervigilant(e). Ce qui peut se révéler plus que déroutant alors que vous pensiez avoir tourné la page. Dans la majorité des cas, c’est un nouvel événement, parfois anodin à vos yeux, qui a « réveillé » le potentiel traumatisme de l’accident. C’est ce que l’on appelle un stress post-traumatique différé. Après tout ce temps, vous avez peut-être l’impression que c’est un signe de faiblesse que de « céder » maintenant au traumatisme qu’a pu représenter cet événement ou que vous vous êtes voilé(e) la face. Le fait est que vous vous êtes défendu(e) jusque-là par divers moyens, et que l’événement déclencheur est peut-être arrivé dans un moment plus difficile pour vous. C’est peut-être le signe d’une nouvelle occasion pour vous de régler ce traumatisme réveillé.

Face à ce que nous ressentons et qui nous déroute, nous avons tendance à le mettre de côté et à attendre que ça passe. C’est une réaction tout à fait humaine. Toutefois, sans que même nous nous en apercevions, les choses s’installent pour une durée indéterminée et finissent par nous peser lourdement et impacter notre qualité de vie.

Que cela fasse des mois voire des années que l’anxiété, la peur, les angoisses, l’hypervigilance et/ou toute autre manifestation de détresse apparue après l’accident perdurent, il n’est jamais trop tard. Différents traitements existent pour vous aider à surmonter cette détresse. Il est possible, sans toutefois être certain, que la thérapie soit plus longue car vous avez été conditionné(e) depuis des années à certains mécanismes de pensées. Demander de l’aide est le premier pas mais également l’étape la plus difficile du parcours. Cependant, cette demande ne sera jamais refusée, au contraire elle sera reconnue.

Mon proche/mon enfant est impliqué dans l’accident

L’accident s’est produit, brutalement et soudainement, votre conjoint(e), votre parent, votre frère/sœur, votre ami(e) ou votre enfant est touché(e) physiquement et mentalement. Depuis cet événement, vous voyez peut-être des changements chez cette personne et vous vous inquiétez pour elle. Peut-être que vous êtes vous-même impacté(e) par l’annonce de l’accident et/ou les répercussions de celui-ci. Vous trouverez ci-dessous un premier éclairage quant aux réactions de votre enfant ou de votre proche et quelques pistes sur le soutien que vous pouvez lui apporter. Si vous souhaitez mieux comprendre ce que votre proche peut ressentir, n’hésitez pas à prendre également connaissance des questions dans « Je suis impliqué(e) dans l’accident ».

Nous espérons que vous y trouverez une première source de soutien, de pistes, voire même peut-être de réconfort. Notre équipe de psychologues reste à votre disposition au 081/821.321 afin de vous écouter, d’échanger sur votre vécu ou encore de vous réorienter vers toute aide spécialisée.

L’enfant impliqué dans un accident de la route, quel que soit son âge, peut vivre des répercussions psychologiques. Tout comme l’adulte, il peut lui aussi potentiellement devenir anxieux, hypervigilant, triste, développer des peurs, se poser des questions, etc. Nous pensons souvent, à tort, que l’enfant ne peut pas être atteint comme l’est l’adulte car il n’a pas la même compréhension des événements que ce dernier. Or l’enfant a sa propre perception et compréhension de ce qu’il se passe autour de lui, et peut lui aussi tenter de la partager ou d’y mettre du sens, de façon consciente ou inconsciente, par divers canaux d’expression tels que le jeu ou le dessin par exemple. Confronté à des moyens d’expression bien différents du nôtre et parfois plus explosifs, nous pouvons être quelque peu déroutés par les réactions de l’enfant.

Les réactions de l’enfant et de l’adolescent au choc émotionnel sont donc différentes, en grande partie, de celles de l’adulte. De même, la façon d’exprimer la détresse est différente selon l’âge de l’enfant. La souffrance de l’enfant de 2 ans se manifeste différemment de celle de l’enfant de 8 ans ou encore de l’adolescent de 14 ans.

Pour exemple non exhaustif, le bébé dort plus et est moins tonique ou au contraire trouve moins le sommeil et semble plus agité. L’enfant de 4 ans adopte des comportements qu’il avait lorsqu’il était plus petit comme sucer son pouce ou uriner au lit. L’enfant de 8 ans semble ne pas pouvoir se concentrer, ses notes scolaires chutent.  L’adolescent de 16 ans devient « ermite » ou au contraire, ne cesse d’entreprendre des activités à sensations fortes voire qualifiées de dangereuses.

Evidemment, tous les enfants et adolescents ne développent donc pas systématiquement un état inquiétant suite à l’accident. Quoiqu’il en soit, il est important d’y porter un regard bienveillant et attentif. Lorsque l’enfant adopte des comportements qu’il n’avait pas avant l’accident, que vous le trouvez différent, replié sur lui-même, plus émotif, ce sont des signes que cet événement l’a grandement bouleversé. Pour exemple : votre enfant était joueur, bavard et sociable avant l’accident. Après l’accident, vous observez qu’il échange moins, qu’il ne va plus facilement vers les autres enfants, qu’il a des difficultés à se séparer de vous, ou encore qu’il joue de façon récurrente des scénarii empreints de violence. Ces changements de comportements sont des indices que votre enfant a besoin d’un coup de pouce pour exprimer ce qu’il garde sur le cœur et à l’esprit. Si vous observez ce genre de signes, pensez à aller consulter un psychologue pour votre enfant. Notre service peut également vous réorienter vers des psychologues pour enfant et adolescent.

Dans tous les cas, après l’accident, la communication reste un outil précieux. Si l’enfant pose des questions, répondez le plus honnêtement possible, même si les mots ne sont pas toujours faciles à trouver. Soyez ouvert quant au sujet de l’accident, de ses peurs, de ses pensées, de ses interrogations, sans toutefois forcer la parole. Rassurez-le quant à votre disponibilité, votre présence et sa propre sécurité.

L’accident de la route est un événement qui ne laisse pas indemne. Ce n’est pas parce que votre proche ne mentionne pas l’accident et son vécu qu’il n’y pense pas et qu’il n’est pas sous le choc. Il n’est pas question de forcer la personne à parler mais de simplement lui faire comprendre que vous n’oubliez pas ce qu’il a traversé et ce qu’il traverse peut-être encore. Par une présence, une parole, une question, une aide dans les démarches administratives, votre proche se sentira soutenu. Il s’agit de respecter ses besoins, en toute bienveillance. S’il/elle ne souhaite pas en parler, respectez-le. S’il/elle souhaite au contraire en parler, écoutez-le/la. En effet, un autre cas de figure est que votre proche en parle sans cesse. C’est surement nécessaire pour lui/elle mais cela peut vous paraitre pesant au bout d’un moment. Si vous sentez que vous perdez patience, assurez votre présence, exprimez votre désir de l’aider et votre sentiment d’impuissance face à son discours répété, avant de peut-être lui soumettre des pistes d’aide professionnelle et/ou notre ligne Infovictimes.

Bien que votre intention soit bonne, essayez de le rassurer ou de le réconforter en lui disant « Mais ça va aller » ou encore « Tu es vivant(e), c’est le plus important », « Cela aurait pu être pire », donnent très souvent l’impression à la personne que vous minimisez et banalisez ce qu’elle vit et ressent. La reconnaissance de ce qu’elle éprouve passe dans votre écoute attentive et dans l’intérêt que vous portez à ce qu’elle vous partage, sans essayer de couper court aux émotions qui émergent.

Vous avez peut-être l’impression de devoir trouver les mots justes. Toutefois ce ne sont pas les mots justes que la personne attend mais plutôt votre présence, car il/elle sait très bien qu’il n’existe pas de mots magiques.

Les procédures d’expertise, les soins médicaux, les démarches judiciaires sont lourdes et angoissantes pour la personne. La soutenir peut passer par reconnaitre que c’est difficile et lui proposer de l’accompagner par exemple.

Peut-être que votre proche aura des réactions que vous trouverez déroutantes : irritabilité, inattention, humeur dépressive, perte d’intérêt, isolement, etc. Il est possible que lui-même ne se reconnaisse plus depuis l’accident, ce qui est encore bien plus déstabilisant. Si cela perdure et prend de l’ampleur au quotidien, il est possible que votre proche montre des signes de stress post-traumatique.

Qui peut m’aider ?

Cette injonction est le signe que vos proches s’inquiètent de votre bien-être, qu’ils aient constaté ou non un mal-être chez vous. Ils se veulent bienveillants ou ont exprimé leur impuissance et veulent vous aider ou que vous vous fassiez aider.

Aller voir un psychologue après l’accident n’est aucunement une obligation. La seule recommandation est d’être attentif(ve) à ce que vous vivez. Que ce soit dans les jours qui suivent l’accident ou des années plus tard, il n’est jamais trop tôt ni trop tard pour consulter un psychologue tant que vous en ressentez le besoin et que la décision relève de vous-même. Si vous sentez une pression d’aller consulter de la part de vos proches, ouvrez la discussion avec eux. Pourquoi insistent-ils ? Ont-ils remarqué quelque chose qui les inquiètent ? Echanger ensemble vous permettra de comprendre leurs inquiétudes mais aussi de pouvoir les rassurer.

Le psychologue et la consultation individuelle ne sont d’ailleurs pas les seules options. Il existe également des groupes de parole pour personnes endeuillées, pour personnes vivant avec des douleurs chroniques ou encore pour parler du choc qu’a pu représenter l’accident pour vous.

Prendre conscience de votre détresse et demander de l’aide représentent une des étapes les plus difficiles du parcours, si ce n’est pas la plus difficile. Vers qui se tourner ? Est-ce que ça va vraiment m’aider ? Et si ça, ça ne marche pas, qu’est-ce que je fais ? Cela voudra-t-il signifier qu’il n’y a rien à faire ? La démarche soulève beaucoup de questions et parfois beaucoup d’inquiétudes.

Aller consulter un psychologue n’est pas synonyme de folie ou de maladie mentale ou encore de faiblesse. Aller consulter un psychologue, c’est prendre soin de soi parce que nous avons, tous, un jour ou l’autre, besoin d’un coup de pouce face aux épreuves de la vie. Bien des techniques thérapeutiques ont d’ailleurs fait leurs preuves dans le domaine de l’événement potentiellement traumatique :

  • EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing ou désensibilisation et reprogrammation par des mouvements oculaires) est une technique thérapeutique qui permet de débloquer les mécanismes naturels du cerveau en charge du traitement de l’information qui, depuis l’événement étaient suspendus. En effet, l’événement n’est pas digéré car le cerveau n’arrive plus à intégrer les informations, ce qui donne naissance aux différents débordements émotionnels que vous pouvez ressentir, « comme si » l’événement se reproduisait encore et encore. L’EMDR désensibilise les souvenirs pour qu’ils ne suscitent plus ces débordements.
  • PTR (Psychothérapie du trauma réassociative) est une approche qui s’appuie notamment sur des techniques d’hypnose conversationnelle. La personne, plongée dans un état modifié de conscience, continue de converser avec le thérapeute pour venir opérer des changements sur les images et souvenirs de l’événement.
  • Thérapie cognitivo-comportementale est une thérapie où patient et thérapeute travaillent ensemble sur les interactions pensées-émotions-comportements qui sont sources de souffrance chez cette personne. Cela permet de mieux comprendre les schémas qui se sont mis en place, d’adopter des comportements adaptés et de travailler sur les émotions. Ce sont des thérapies spécialement indiquées dans la gestion des angoisses et des phobies par exemple.

Ce ne sont évidemment pas les seules techniques, elles servent ici d’exemples pour vous montrer que vous pouvez atteindre un mieux-être grâce à certaines approches. Précisons tout de même que ce sont des techniques qui ne vous feront pas oublier l’accident, ni ce qui en a découlé mais qui vous permettront de vivre de manière plus apaisée sans être invalidé(e) par tous les symptômes apparus depuis. Comme nous l’évoquions, il existe d’autres approches (thérapie par réalité virtuelle, hypnose, pleine conscience, etc.), ce qui permet à chacun de trouver la piste qui lui convient. Puisque chaque personne est différente, réagit et vit les événements de sa propre manière, ce qui convient à l’un ne conviendra peut-être pas à l’autre. Tout comme le feeling passe ou non entre deux personnes pour de nombreuses raisons, il est possible que ce feeling ne passe pas entre vous et le thérapeute choisi. Si tel est le cas, aussi décevant et frustrant que cela puisse paraitre, ce n’est pas un échec. C’est un pas de plus pour trouver ce qui vous convient !

Sachez également que certaines personnes trouvent un apaisement dans les thérapies de groupes ou les groupes de parole, les ateliers de relaxation, l’art-thérapie, etc. Tout autant de pistes qui n’attendent qu’à être explorées. Qu’importe le temps écoulé depuis l’accident ou les difficultés accumulées, vous trouverez des ressources extérieures prêtes à vous aider, mais aussi des ressources intérieures que vous ne soupçonniez pas.

Quelques pistes…

Cette liste n’est évidemment pas exhaustive, et il existe bien d’autres pistes.
Vous y retrouvez parmi toutes les spécialisations psychologiques n’est pas toujours facile, si vous avez des questions, si vous ne trouvez pas l’aide que vous souhaitez dans cette liste, n’hésitez pas à nous contacter.