Esther

Victime d’un accident de la route

L’accident est survenu le 19 mars 2022. Il y a 1 an et 8 mois. Un accident de la route, un frontal à faible vitesse (56km/h), nous étions trois dans le véhicule : mon mari, mon fils et moi. J’étais âgée de 29 ans ,en parfaite santé, et depuis je suis brisée autant physiquement que psychologiquement.

Cet accident a changé ma vie, je n’ose plus conduire. Je me force car j’ai des obligations mais à chaque prise de volant l’angoisse me gagne, et quand je suis passager c’est encore pire. Je me vois mourir, mon cerveau m’envoie des images de ce qu’il pourrait se produire, je suis un danger. Exemple : mon mari prend le volant et je vois des choses. Mon cerveau m’envoie des images et cela paraît tellement réel. Alors je crie :  ATTENTION, FREINE, STOP, à chaque fois il panique s’arrête ou braque le volant. Et je lui dis, tu n’as pas vu ? Il me répond qu’il n’y a rien et que je suis dangereuse de faire ça. Un jour on va avoir un accident à cause de mon imaginaire.

Cela est difficile à vivre car ces choses, je les vois, et lui non. J’ai l’impression de devenir folle. La peur de revivre un accident est constante, me freine dans mes mouvements quotidiens, je me renferme sur moi-même, je n’ose plus sortir.

Quand je suis conductrice, j’arrive à mieux gérer mais pas totalement. Je roule extrêmement lentement, et si la moindre chose ne se passe pas bien j’angoisse.  Ma respiration s’accélère et il faut que je m’arrête le plus vite possible. Je ne sais plus rouler de longue route, maximum 10 à 15 min, et une fois qu’il fait un peu trop sombre, je ne prends plus le volant, c’est impossible.

J’ai créé une angoisse de la mort. Je ne dors plus une nuit complète, et je me réveille plusieurs fois par nuit pour vérifier chaque chambre que tout le monde respire bien.  Quand mon mari travaille et mes enfants sont à l’école je ne suis pas bien. Tous les scénarios possibles passent dans ma tête et je contacte mon mari pour savoir si tout va bien. Je lui demande de faire attention. Quand je dépose mes enfants à l’école, j’ai une boule dans le ventre jusqu’au moment où je vais les rechercher en fin de journée.

C’est compliqué à vivre et à expliquer.  On a l’impression d’être un extraterrestre et que personne ne comprend.

Pour ce qui est des douleurs physiques, j’ai eu une fracture d’une vertèbre, qui s’est consolidée après 8 mois, mais je suis toujours chez les médecins, la kiné, l’ostéopathe, car j’ai toujours des douleurs. On me parle de trauma, de position du corps. Je voudrais juste pouvoir revivre comme avant, bouger et courir. J’ai des crises de douleurs, de la fatigue +++, un manque d’énergie, plus le goût pour rien.

Cet accident a changé ma vie. Je dois réapprendre à vivre autrement, à travailler sur mes angoisses pour les faire disparaître. Un jour, j’irai mieux, j’y crois.  Cela prendra du temps mais ça ira. J’ai la chance d’être entourée d’un mari et des enfants qui comprennent et qui sont patients avec moi.

Pour toutes les personnes qui prendront le temps de lire ceci, si vous avez vécu un accident, un traumatisme,  ne minimisez pas les choses. Il faut de l’aide pour sortir de cette spirale. Demandez de l’aide, ne faites pas de vous quelqu’un de faible, bien au contraire. Se faire aider, avoir une écoute permet déjà de prononcer les choses à voix haute et d’accepter. Je souhaite beaucoup de courage à toutes les personnes qui traversent cette épreuve, vous allez parvenir à surmonter cet obstacle, vous êtes plus fort que vous le pensez.

Comment le service d’Accompagnement des victimes de la route de l’AWSR m’a-t-il aidé ?

Je suis tombée par hasard, sur ce service et je les remercie énormément. Ils sont très attentifs et nous écoutent, posent des mots sur des maux, nous orientent vers des spécialistes. Ils sont aussi très réactifs, ils se mobilisent pour nous venir en aide. Sentir qu’on n’est pas seul, c’est un énorme pas en avant.

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